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Apprentissage d'une langue étrangère chez l'enfant

                                                            maria kihlstedt

 

Maria Kihlstedt, maître de conférences, Université de Paris Ouest Nanterre, CNRS UMR 7114 Modyco (Modeles Dynamiques Corpus)

« Il vaut mieux bien apprendre le français avant d’entamer l’apprentissage d’une autre langue », « le bilinguisme crée de la confusion mentale », « si l’enfant mélange ses deux langues, il vaut mieux n’en utiliser qu’une »….voilà quelques-unes des affirmations que l’on peut encore, de nos jours, entendre à propos du bilinguisme des enfants.

 

Nous qui travaillons dans le domaine des sciences cognitives et en psycholinguistique sur l’acquisition du langage chez les enfants constatons encore la ténacité de certains mythes autour d’une prétendue nocivité du bilinguisme, alors que la recherche montre qu’il n’en est rien »

Les langues ne se disputent pas le même espace dans le cerveau

 

A la fin du 19 siècle lors de la construction des nations, la notion un état-une langue était en plein essor pour des raisons politiques d’uniformisation nationale. Dans le sillage, le bilinguisme a longtemps été considéré comme dangereux, idée encore prégnante jusqu’aux années 60 dans les pays occidentaux, où le monolinguisme a longtemps été le modèle. On oublie souvent que l’occidental monolingue est historiquement et géographiquement une exception - 2/3 de la population mondiale utilise quotidiennement deux langues ou plus.

 

Ce n’est en effet que très récemment que les avancées des recherches nous ont obligés à repenser certaines idées tenues pour acquises, comme par exemple la « fragilité » du cerveau de l’enfant. On ne risque pas de surcharger le cerveau du jeune enfant. Au contraire, son cerveau aime s’amuser, faute de quoi il s’étiole, ou, en termes plus scientifiques : il y a des circuits neuronaux potentiels encore ouverts qui ne demandent que d’être sollicités et stimulés, et ce toute la vie mais surtout avant l’âge de 7 ans.

 

Avant 7 ans, c’est le langage comme faculté qu’on découvre et construit. Découvrir le monde par un, deux ou trois volets ne change pas grand-chose à l’affaire. Un certain retard dans la langue maternelle peut temporairement avoir lieu, mais ce retard est vite rattrapé. Pour simplifier on  peut dire, avec Dalgalian (2000) et Petit (2001), qu’après 7 ans, « on n’apprend plus du langage mais des langues », passé cet âge, les enfants n’acquièrent plus une seconde langue comme leur langue maternelle.

 

Par conséquent, il n’est pas nécessaire que la première langue soit totalement établie pour entamer l’acquisition de la deuxième. Bien au contraire, plus une langue est introduite tôt, plus facile sera son assimilation. Les deux langues ne se disputent pas le même espace dans le cerveau. Au contraire, elles se nourrissent et s’épaulent mutuellement.

 

Les avantages cognitifs du bilinguisme

 

Un jeune enfant qui apprend une autre langue devient porteur de l’altérité et de la diversité en lui-même et, par là-même, acquiert facilement une attitude ouverte envers d’autres cultures et d’autres modes de pensée, ce qui est un grand avantage dans le monde actuel. Il va de soi que ces facteurs externes sont importants et constituent un grand avantage du bilinguisme enfantin. 
Or, il est moins connu que le bilinguisme entraîne également des bénéfices en dehors des seules connaissances linguistiques. Il semblerait que le fait d’acquérir pendant l’enfance deux langues augmente également la créativité et la mobilité conceptuelle.
A titre d’exemple, dans une étude de Riccardielli (1992), on avait demandé à des enfants bilingues et monolingues combien d’usages possibles ils pouvaient imaginer pour un bout de brique ou une canette de Coca. Les performances ont été mesurées en termes de nombre des réponses différentes et du degré d’originalité et d’élaboration de celles-ci. Les bilingues ont considérablement surpassé les enfants ne maitrisant qu’une seule langue. 
D’autres avantages attestés chez des enfants bilingues sont :

  • Meilleure capacité de filtrage des distractions (par ex. des bruits environnants) et donc meilleure capacité de concentration
     
  • Meilleure capacité de résoudre des problèmes
     
  • Meilleure sensibilité communicative (par ex. expliquer les règles d’un jeu à d’autres enfants)
     
  • Meilleures performances dans la perception spatiale 
     
  • Retombées positives dans le domaine des mathématiques

 

Ce lien entre la pensée et la capacité plurilingue fait actuellement l’objet de nombreuses études scientifique (pour un résumé de ces études, voir Baker 2006)
Pourqoui travailler avec Baby-speaking ?

Il va de soi qu’un enfant français immergé tôt en anglais, par exemple, dans son univers le plus familier – à domicile – ne deviendra pas automatiquement un petit bilingue. Il faut du temps et de la patience. C’est pourquoi Baby-speaking recrute rigoureusement des intervenants bilingue ou natifs susceptibles de mener à bien cette tâche. C’est une entreprise qui sait parfaitement appliquer les résultats de la recherche fondamentale en sciences humaines sur le terrain, ce qui demande une compréhension fine et sérieuse des enjeux, loin des simplifications et conclusions hâtives. Voilà pourquoi, en tant que chercheur, je suis contente de pouvoir apporter mon expertise en ce domaine à l’équipe de Baby-speaking.

 

Quelques références bibliographiques recommandées pour aller plus loin : 

 

BAKER, C. 2006 Foundations  of Bilingual Education and Bilingualism. Clevedon: Multilingual Matters
DALGALIAN, G. 2000. Enfances plurilingues. Témoignage pour une éducation bilingue et plurilingue. Paris : Harmattan.
PETIT, J. 2001 L’immersion, une révolution.. Colmar : J. D. Bentzinger Editeur

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